19/08/2010

Les nouvelles technologies peuvent elles changer la donne ?

Ségolène Hémar (ECN 03), Mastère HEC, Microsoft, en charge des opérations de la division Plateforme et Ecosystème qui promeut en avance de phase la mise en place et les usages des dernières technologies.

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David Bourgeois (ECM 96), directeur commercial de blogSpirit.


Le 15 avril, les aéroports du Nord de l’Europe ferment. Des milliers de cadres sont bloqués partout dans le monde mais chez Microsoft France comme témoigne Ségolène Hémar les réunions continuent : conf call et webmeeting s’organisent depuis les chambres d’hôtel ou les salles d’attente des aéroports.
Une exception toutefois…Alors que 72% des actifs utilisent un ordinateur pour leur loisir, seulement 46% l’utilisent pour leur travail (source IFOP 2009). Aujourd’hui pourtant l'usage de la maison influe de plus en plus le monde du travail : ainsi la messagerie instantanée est entrée dans l'entreprise par les consommateurs et les besoins des entreprises l’a fait évolué. Selon Ségolène Hémar, « il n’y a pas de différence d'usage des nouvelles technologies entre les hommes et les femmes chez les collaborateurs de Microsoft ». Les outils, facilitant le travail à distance, améliorent la qualité du travail et réduisent le stress (horaires, transports). Ils peuvent favoriser le télétravail pour les femmes avec enfants. De plus en plus de collaboratrices de Microsoft ne viennent plus au bureau tous les jours et travaillent à distance y compris en réunion. Selon elles, cette nouvelle façon de gérer leur temps est bénéfique pour la qualité de leur travail car elles arrivent à s'isoler chez elles, ce qui n'est pas le cas sur les open-spaces ; et les jours où elles sont là, moins soumises au stress des horaires, elles sont plus détendues, plus disponibles pour des échanges. Il faut souligner toutefois que Microsoft est une entreprise connue pour sa dynamique particulière vis-à-vis de ses collaborateurs, classée en 2010 en pôle position dans les entreprises de plus de 500 salariés où les meilleures initiatives en faveur des salariés ont été observées (enquête Great Place to Work et Le Figaro économie). Difficile pourtant de généraliser... d'autant que pour les hommes, chez Microsoft aussi, le recours au télétravail est moins systématique, plus ponctuel. Ces nouvelles technologies challengent l’organisation de l’entreprise. Si les gens sont absents, ils peuvent ne jamais se croiser. Le véritable enjeu pour le management est d'offrir cette souplesse aux salariés tout en maintenant l'esprit d'équipe et la qualité des échanges. L'entreprise doit garder une unité de lieu. De fait, en juillet 2009, Microsoft a regroupé ses sites parisiens sur un seul encourageant ainsi le contact physique.

Selon David Bourgeois, directeur Commercial de blogSpirit, si téléphone et email sont acquis, la mise en place d’outils participatifs tels que Wikis, blogs, réseaux sociaux est plutôt lente. Les solutions de type réseaux sociaux favorisent le partage de bonnes pratiques et la co-innovation en demandant à des acteurs très différents dans l’entreprise d’imaginer une solution pour aboutir à de nouveaux services ou produits. Malgré les bénéfices observés, ces démarches ont encore du mal à se généraliser. D'une part ces lieux d’expression ouverts font peur aux entreprises. « La démocratie n’est pas la règle en entreprise, donner la parole reste perçu comme risqué par certains managers ». La notion de risques est très importante avant de passer à l’acte : perte de pouvoir (la hiérarchie n’est plus la seule à détenir l’information), crainte que les collaborateurs soient distraits (usage personnel des outils de l’entreprise) et soucis de sécurité (données non contrôlées).
David Bourgeois explique qu’avec le développement du mode collaboratif, le nouveau chef n’est plus celui qui détient l’information mais celui qui la gère le mieux. Le manager devient un « animateur de communautés » composées de collaborateurs qui ne sont pas toujours dans ses équipes directes. Les nouvelles qualités des managers deviennent l’écoute pour aller chercher l’information, l’animation en acceptant les idées des autres, en les exploitant et les transformant (grâce aux discussions autour des idées).

Et les femmes ? Il s’agit en effet de qualités réputées plus féminines mais comme le dit David « les hommes ne vont pas tout lâcher même si le virtuel permet de participer à un projet en apportant ses contributions le soir depuis chez soi. Il n’est plus indispensable d’être à la réunion de 19h pour montrer son implication » (ndr : à démontrer …).
Flexibilité, conciliation vie personnelle/vie professionnelle, moins de stress et de contraintes mais donc pas de vrai déclencheur de changement en terme de pratique du leadership à attendre de ces nouveaux outils.
Les nouvelles technologies sont-elles de plus vraiment bénéfiques ? Il est courant de parler aujourd’hui de « technostress ». David Bourgeois se défend de cette dérive des nouvelles technologies : «Je dois apprendre à gérer ma vie numérique qui en effet implique interpénétration des sphères privée et personnelle sur le web. A moi de m’organiser pour être serein : à 14h à mon bureau sur Facebook, à 23h sur le hub de mon projet en cours ». Plus prosaïquement, Ségolène Hémar nous explique que c’est à chacun de mettre rapidement les limites vis à vis de son manager. Cela est facilité chez Microsoft car les règles d'usages sont formalisées (créneaux utilisés pour fixer les confcall, limitation des envois de mails aux heures travaillées). La communication interne adresse régulièrement des mails sur ce sujet aux managers qui, bien sûr, adaptent ce cadre aux besoins.

Propos recueillis par Valérie Bourgeois (ECM 94) et Anne Brisce Grasset (ECLi 95)

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